La placotèque
Voilà bien un endroit mystérieux , situé au sous sol d’un immeuble de bureaux et de logements on la trouvait après avoir emprunté un
long couloir chichement éclairé par une minuterie longeant des celliers aux portes grillagées.
Passé la porte on découvrait une pièce au plafond bas en béton gris aérée faiblement par un soupirail donnant sur la
rue.
La pièce était éclairée mais un nuage de fumée bleue stagnait à mis hauteur donnant à son occupant un aire fantomatique.
La pièce était sommairement meublé de machines bizarres , une estampeuse à roue , une plus récente ressemblant à une
boite accouplée à un clavier, une imprimerie , le tout complété par deux fauteuils et une table de bois.
Nous voilà rendu dans l’antre de Gérard, nous étions à la placotèque .rebaptisée avec humour la plancotèque.
Cette cave aménagée n’était autre que le centre logistique d’un organisme social, c’est de là qu’allaient être imprimés les appels
de cotisations sociales , les rappels d’impayés et en fin les mises en demeure.
Le procédé archaïque même pour les années 1968 consistait à emboutir a l’aide d’une estampeuse manuelle des plaques adrex ,
petites plaques d’aluminium où se martelaient en relief les noms adresses et numéros d’adhérents des employeurs assujettis à ce régime social bien connu.
Le préposé créait les fichier en emboutissant ces petites plaques en alu qui allaient être rangées dans des casiers et serviraient
grâce à l’imprimerie à éditer les courriers.
Le travail consistait à créer les adresses par une estampeuse à clavier qui martelait les plaques une par une , l’ancien
modèle comportait un volant et un alphabet sur une roue .
Le travail de sélection des plaques , notamment pour les relances se faisait à deux un employé qui travaillait en surface dans
les bureaux du rez de chauissée venait aider Gérard et sélectionnait les plaques qui serviraient à l’envoi pour ensuite procéder à leur reclassaiment.
Autant dire que ce travail en cave se faisait sans contrôle de la hiérarchie qui ne descendait que rarement dans les sous
sols.
Gérard qui avait une formation d’électricien avait conçu un système ingénieux, une lumière branchée sur la minuterie
clignotait des que celle ci était activée indiquant que quelqu’un descendait , laissant le loisirs à ses occupants d’avoir l’air afféré.
C’est ainsi que ce lieu avait été rebaptisé la plancothèque tant elle servait à des bons moments de rigolade.