Adèle Toulemonde , une petite femme active venait d’hériter d’une veille maison de belle taille .
Soucieuse de la mettre au normes habitables , elle fit appel à un artisan multiservices pour établir un devis des travaux.
Après avoir fait le tour de la maison , il la regarda d’une mine lugubre, et lui annonça tout à trac , il y a tout à refaire de la cave au grenier , heureusement il n’y avait pas de cave.
En résumé il lui expliqua qu’il fallait doubler les cloisons refaire les sols , les carrelages les plafonds l’isolation, les fenêtres et accessoirement quelques travaux d’électricité et de plomberie .
Adèle lui demanda naïvement si il allait arracher les planchers , carrelages et parquets existants pour partir sur une base propre.
L’artisan leva les bras au ciel et lui dit mais ma pauvre dame, on ne fait plus ce genre de travail on reconstruit sur l’existant, on double avec du neuf , les fenêtres seront fixées sur les anciennes et les cloisons et plafonds doublées pour l’isolation.
Adèle qui souffrait du syndrome de Snopy caractérisé par le fait de vouloir que tout le monde l’aime ne voulut pas le contrarier, bien qu’elle essaya de lui faire remarquer que le fait de rehausser les sols allait poser des problèmes pour l’ouverture des portes .
Fort de ces certitudes l’artisan balaya toutes ses hésitations et elle finit par signer l’ordre de travaux pour une coquette somme.
Le chantier commença sans plus tarder le jour suivant , elle vit arriver plusieurs camions de matériaux , plaques de placoplâtre , faux plafonds carrelages commandés sur catalogue.
Les jours passaient elle avait l’impression désagréable d’être rentrée dans un univers à la Boris Vian dans l’Ecume des jours, son univers rétrécissait de jours en jours .
A chaque jour qui passait où elle venait visiter le chantier elle voyait les pièces rétrécir, elle n’était plus elle même elle devenait Clohé.
Elle essaya de s’en ouvrir à l’artisan qu n’en fit qu’en rire , aussi elle n’insista pas.
Un peu souffrante elle ne vint pas sur le chantier de plusieurs jours, l’artisan l’assurant par téléphone que le chantier serait bientôt terminé.
Quand elle pu revenir à la maison elle fut surprise de voir la camionnette de l’ouvrier sans pour autant constater aucune activité .
Elle ouvrit la porte et fut abasourdie , l’artisan avait tant mis de cloisons épaisses, doublés les plafonds , rehaussés les sols en carrelage, rétréci les fenêtres par des nouvelles huisseries collées sur les anciennes qu’on ne pouvait plus rentrer qu’en se faufilant dans les pièces.
La maison ainsi transformée , n’était plus qu’un labyrinthe de couloirs étroits aux plafonds surbaissés éclairée chichement par les fenêtres réduites et ressemblait à un mille feuilles.
Elle ne trouva pas l’artisan malgré q’elle ait vu sa camionnette dehors, elle compris alors avec horreur que la maison mille feuilles avait avalé l’ouvrier, peut être pour qu’il ne recommence pas ailleurs ses exactions, solidarité oblige.
Les maisons ont une âme non!
Adèle Toulemende n’habita jamais sa maison mais fut guérie du syndrome de Snopy.
Je laisse le soin au lecteur de tirer la morale de cette histoire.