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7 janvier 2011 5 07 /01 /janvier /2011 16:23

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Le mille feuilles

Adèle Toulemonde , une petite femme active  venait d’hériter d’une veille maison  de belle taille .

Soucieuse  de la mettre au normes  habitables , elle fit appel à un artisan multiservices pour établir  un devis des travaux.

Après avoir fait le tour de la maison , il la regarda d’une mine lugubre, et lui annonça tout à trac , il y a tout à refaire de la cave au grenier , heureusement il n’y avait pas de cave.

En résumé il lui expliqua qu’il fallait doubler les cloisons refaire les sols , les carrelages  les plafonds  l’isolation, les fenêtres et accessoirement quelques travaux d’électricité et de plomberie .

 

Adèle lui demanda  naïvement si il allait  arracher  les planchers , carrelages et parquets existants  pour partir sur une base propre.

L’artisan leva les bras au ciel et lui dit mais ma pauvre dame, on ne fait plus ce genre de travail on reconstruit sur l’existant, on double  avec du neuf , les fenêtres seront fixées sur les anciennes et les cloisons et plafonds doublées pour l’isolation.  


Adèle qui souffrait du syndrome de Snopy caractérisé par le fait de  vouloir que tout le monde l’aime ne voulut pas le contrarier, bien qu’elle essaya de lui faire remarquer que le fait de rehausser  les sols allait poser des problèmes pour l’ouverture des portes .

Fort de ces certitudes l’artisan  balaya toutes ses hésitations et elle finit par signer l’ordre de travaux pour une coquette somme.

 

Le chantier commença sans plus tarder le jour suivant , elle vit arriver plusieurs camions de matériaux , plaques de placoplâtre , faux plafonds carrelages commandés sur catalogue.

Les jours passaient  elle avait l’impression désagréable d’être rentrée dans un univers à la Boris Vian dans l’Ecume des jours, son univers rétrécissait de jours en jours .

A chaque jour qui passait où elle venait visiter le chantier elle voyait les pièces rétrécir, elle n’était plus elle même elle devenait Clohé.

Elle essaya de s’en ouvrir à l’artisan qu n’en fit qu’en rire , aussi elle n’insista pas.

 

Un peu souffrante elle ne vint pas sur le chantier  de plusieurs jours, l’artisan l’assurant par téléphone que le chantier serait bientôt terminé.

Quand elle pu  revenir à la maison elle fut surprise de voir la camionnette de l’ouvrier  sans pour autant constater aucune activité .

Elle ouvrit la porte et fut abasourdie , l’artisan avait  tant mis de cloisons épaisses, doublés les plafonds , rehaussés les sols en carrelage, rétréci les fenêtres par  des nouvelles huisseries collées sur les anciennes qu’on ne pouvait plus rentrer qu’en se faufilant dans les pièces.

 

La maison ainsi transformée , n’était plus qu’un labyrinthe  de couloirs étroits aux plafonds surbaissés éclairée chichement par les fenêtres réduites et ressemblait à un mille feuilles.

 

Elle ne trouva pas l’artisan malgré q’elle ait vu sa camionnette dehors, elle compris alors avec horreur  que la maison mille feuilles  avait avalé l’ouvrier, peut être pour  qu’il ne recommence pas ailleurs  ses exactions, solidarité oblige.

Les maisons  ont une âme non!

Adèle Toulemende n’habita jamais  sa maison mais fut guérie du syndrome de Snopy.

 

Je laisse le soin au lecteur de tirer la morale de cette histoire.

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