est fou
Ce monde est fou, c’était le constat que faisait le vieil homme assis sur une pierre tombale en haut du cimetière urbain où il allait
méditer à l’abri du tumulte , faisant chauffer ses vieux os au soleil .
Il avait fui la ville depuis longtemps , trop dangereuse , trop bruyante . Il avait découvert qu’en se rendant au cimetière
très tôt le matin, il ne serait pas en danger, car ils ne s’y rendaient jamais plus faute d’accès en voiture.
Ils avaient depuis longtemps édifiés d’autres cimetières , sortent de casse ou les voitures entassées servaient de dernière demeure à ceux qui n’avaient pas pu
vivre sans elles.
C’était arrivé sournoisement sans que personne ne s’en rende compte, l’homme était devenu de plus en plus l’esclave de son véhicule , au point
de ne pas envisager de se déplacer sans en quelque circonstance que ce soit.
Pendant longtemps certains avaient essayés de lutter contre cette tendance , valorisant les transports en commun , tramway , bus métros pousse
pouce et vélos qui eurent leur heure de gloire.
Le combat fut définitivement perdu quand les états favorisèrent l’achat de véhicule à la classe moyenne à grand coup de primes et de publicité
valorisant l’image de l’homme et de la machine.
Le parc automobile devint exponentiel, chacun avait la sienne, on ne se déplaçait plus sans, t on passait des heures entières
dans des embouteillages.
Les amateurs de bicyclette tentèrent une offensive on mis à la disposition des vélos gratuits , on fit de pistes cyclables ,mais les
automobilistes ne l’entendirent pas de cette oreille.
Sournoisement ils organisèrent la résistance , frôlant lez vélos de leurs capots pour les effrayer allant même jusqu’à en détruire certains.
Le pic d e l’horreur et de la bêtise fut quand un internaute transmis par Face book un message de guerre aux automobilistes les invitant à
chasser sans merci les cyclistes.
On voyait des automobilistes se déporter sans clignotant , coupant la circulation aux vélos fragiles , jusqu’à ce que leur chasse aille jusqu’à empiéter les
pistes cyclables .
Certains cyclistes chanceux ne durent leur survie qu’à une entrée de parking ou une station de métro où ils s’engouffrèrent
pour échapper à l’attaque des automobilistes fous.
Les années passèrent et les hommes choisirent l’automobile comme unique moyen de transport, multipliant les drive in , ne marchant que
rarement .
Le corps de l’homme moderne subit une mutation le torse s’élargit tandis que les jambes qui servaient de moins en moins s’atrophiéres, on vit alors apparaître
une génération d’hommes tronc.
Pendant que cette nouvelle génération de cul de jatte faisait jour , la résistance s’était faite entre le derniers piétons
et cyclistes, chassés , privés de leurs droits civiques par un état dirigiste qui favorisait l’ère automobile ils se cachèrent dans les parkings , les sous
sol et les métros.
Eux aussi finirent par muter chassés par les automobilistes ils apprirent à vivre
dans des souterrains sous la chaussée on les reconnaissaient à la blancheur de leur peau et à leurs yeux rouges.
Les automobilistes ne se contentaient pas de tolérer leur présence ils avaient pour but leur extermination totale et
avaient créé une machine infernale pour chasser les derniers piétons.
La piqueuse à ventre née du délire d’un couturier fou qui au volant de sa voiture rose rêvait d’extermination était la réplique d’une machine
à coudre montée sur chenillette qui,perçait le macadam de sa puissante aiguille pour exterminer les
piétons dans leurs galerie souterraines.
Les années passaient sans grand changement les deux populations restaient stables malgré le conflit entre elles.
C’est alors que le réchauffement de la planète provoqué par les gaz a effet de serre des automobiles provoquèrent des
catastrophes de plus en plus fréquentes.
La terre trembla engloutissant des champs entiers de puits de pétrole , certains disparurent en mer balayés par des vagues
géantes, en quelques années les ressources en énergie disparurent .
La fin du règne de l’automobile était arrivé , on voyait de plus en plus de véhicules abandonnés par leurs propriétaires qui tentaient de se
déplacer sur des chariots leur corps sans muscles ne leur étant plus d’aucune utilité.
C’est alors que les piétons mutant ressurgirent de terre abattant sans scrupule les automobilistes à terre ,comme des bébés phoques sans
l’innocence.
Ce fut un bain de haine et de sang , beaucoup moururent sans avoir eu le temps de se repentir, l’homme est ainsi fait il ne tire pas toujours
partie de son expérience.
Rassurez vous me dit le vieil homme assis sur la tombe , nous n’en sommes pas encore là , mais demain peut être.
Je frissonnais dans ce matin d’été malgré le soleil et reparti d’un pas lent vers mon automobile qui m’attendait sur le parking.
Fin