On
perçoit parfois les choses différement de ce qu'elles sont
Le sommeil le gagnait peu à peu , mais il ne pouvait pas se laisser aller , ce n’était pas le moment.
Il s’encouragea , en pensant qu’il avait toute l’éternité de la mort pour dormir . Cette pensée loin de l’attrister le rasséréna et il se réveilla tout à fait , près à
profiter pleinement des petits bonheurs que le destin lui avait donné.
Au jet de ses pensées , le manège de sa vie tourbillonnait dans une ronde folle , puis tout à coup s’arrêtait sur un instant , un flash, souvenir à peine allumé que déjà
éteint.
Il regardait ses souvenirs lui glisser entre les doigts comme un ruisseau capricieux , quelques photos et puis plus rien, le vide , le néant , l’album tomba de ses genoux sur la
moquette presque sans bruit.
L’ambiance feutrée semblait se fracturer , des ondes agitaient l’air sans que rien ne puisses les justifier .
Dans le fauteuil le vieillard endormi , ses mains décharnées posées sur ses jambes semblait se vider de sa substance , tandis , qu’une lumière bleue irradiait
des son corps , une fumée de même couleur sortait de ses narines et de ses oreilles et même de ses orbites creuses.
Le nuage gazeux qui se formait peu à peu dans la pièce prenait la forme d’un corps de bonne taille, mais restait flou, sans épaisseur .
La pièce semblait soumise à une intense vibration, sans qu’aucun bruit ne l’accompagne et l’ectoplasme se matérialisait peu à peu.
Un courant d’air du sans doute à la reprise de la climatisation fit vaciller la chose qui venait d’apparaître , sans toutefois la dissoudre.
Le corps qui était sous forme de brume gazeuse , se matérialisait peu à peu , prenant l’apparence d’un homme adulte habillé de blanc.
Une main saisi le bras du fauteuil et le roula vivement à travers la pièce, tandis qu’une voix forte lançait sans aménité, « aller faut vous réveiller c’est l’heure
du repas »
Aucune réponse ne se fit entendre à cette injonction , sans se démonter l’homme en blanc commença a pousser le fauteuil roulant vers la sortie de
la pièce ,le corps affaissé du vieil homme ne donnait aucun signe de vie .
Dans le dos de l’infirmier une ombre blanche se déplaçait sans bruit , ses yeux rivés sur lui.
L’éclat métallique de son regard ressemblait à si méprendre à celui qu’avait eu le vieillard quelques années auparavant , un rire silencieux l’agitait comme un
volute de fumée.
L’infirmier inconscient de cette présence insolite continuait à rouler le fauteuil vers la porte de sortie de la salle de télévision , quand il tressailli violement .
Une main glaciale venait de se poser sur sa nuque lui paralysant les membres subitement sans qu’il puise réagir.
L’ectoplasme saisit le corps assis dans le fauteuil le déposa doucement sur la table de bridge et mis l’infirmier à sa place.
Une fois le transfert effectué il s‘approcha du corps du vieillard et passant un doigt gazeux devant sa bouche entrouverte s’introduit dans le corps inerte qui peu à
peu repris consistance.
Le corps se redressait doucement comme un bonhomme Michelin que l’on gonfle , le visage se défripait et le thorax se soulevait alors que la fumée bleue
disparaissait peu à peu .
En quelques instants le vieillard avait pris l’aspect d’un homme jeune, revêtu d’une blouse blanche, un, sourire ambigu aux lèvres il chantonnait une rengaine des années
trente.
Il allait passer la porte à battant qui donnait dans le couloir , quand une voie chevrotante lui dit, « allez doucement , je ne suis pas encore mort que diable. »
Qui est qui , qui peux le savoir à vous de choisir !